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Acheter une convention de stage : risques juridiques, dérives et bonnes pratiques pour les entreprises

Acheter une convention de stage : risques juridiques, dérives et bonnes pratiques pour les entreprises

Acheter une convention de stage : risques juridiques, dérives et bonnes pratiques pour les entreprises

Pourquoi des entreprises en viennent à « acheter » une convention de stage

La plupart des DRH et managers ne se lèvent pas le matin avec l’envie de contourner la loi. Pourtant, le marché parallèle des « conventions de stage à vendre » existe bel et bien : petites annonces, plateformes douteuses, pseudo-écoles… et quelques entreprises tentées de « fermer les yeux » pour aller plus vite.

Pourquoi ? Principalement pour trois raisons :

Sur le papier, acheter une convention de stage peut sembler une solution simple pour accueillir un « stagiaire » en quelques jours. Dans la réalité, c’est une prise de risque juridique et financier considérable, totalement disproportionnée par rapport au gain supposé.

Ce que dit la loi : rappel rapide du cadre des stages

En France, le stage est strictement encadré par le Code de l’éducation (articles L124-1 et suivants) et, pour certains aspects, par le Code du travail.

Un stage légal doit impérativement respecter trois principes :

Acheter une convention de stage auprès d’un organisme qui n’est pas un établissement d’enseignement légitime, ou sans véritable projet pédagogique, revient donc à contourner ce cadre. Juridiquement, vous ne faites plus un stage : vous organisez du travail dissimulé.

« Fausse » convention de stage = vrai risque de travail dissimulé

Concrètement, que risque une entreprise qui achète une convention de stage ou qui ferme les yeux sur une convention manifestement fictive ?

Plusieurs qualifications juridiques peuvent être retenues, souvent cumulées :

En cas de contrôle (Inspection du travail, URSSAF, Prud’hommes), le « stagiaire » peut être requalifié en salarié. Avec à la clé :

Dans plusieurs affaires récentes, le coût total pour l’entreprise a largement dépassé les dizaines de milliers d’euros… pour un stagiaire censé « coûter moins cher » qu’un CDD.

Les signaux d’alarme d’une convention de stage à risque

Sur le terrain, comment reconnaître une convention douteuse avant qu’il ne soit trop tard ? Quelques signaux faibles doivent immédiatement alerter :

Si vous cochez plusieurs de ces cases, vous n’êtes plus dans la zone grise. Vous entrez dans le champ des dérives les plus risquées.

Cas concrets : quand le stage dérape… et ce qui se passe ensuite

Voici deux situations vécues (rendus anonymes) qui illustrent les conséquences possibles.

Cas n°1 : la startup pressée

Une jeune startup en forte croissance recrute un « stagiaire business developer » pour 6 mois. Le candidat, diplômé depuis un an, trouve une pseudo-école en ligne qui lui fournit une convention contre 450 € de « frais d’inscription ». La direction ferme les yeux, ravie de l’avoir « pour 700 € par mois ».

Au bout de 4 mois, le stagiaire se rend compte qu’il effectue exactement les mêmes tâches que les commerciaux, sans commission ni congés payés. Il contacte l’Inspection du travail. Résultat :

Bilan : plus de 20 000 € de coûts imprévus, une image employeur écornée, et une équipe RH obligée de tout reconstruire.

Cas n°2 : la PME « qui voulait aider »

Une PME industrielle souhaite aider un jeune étranger à obtenir une expérience en France. Son université dans le pays d’origine tarde à envoyer les documents. Le jeune trouve une « école partenaire en France » qui délivre une convention moyennant 600 €. Le DRH signe, pensant faire une bonne action.

Lors d’un contrôle URSSAF, l’inspecteur découvre que l’établissement n’est pas reconnu et ne dispense en réalité aucun cours. La convention est considérée comme fictive. La PME doit :

Le DRH n’avait aucune intention frauduleuse, mais l’argument de la « bonne foi » ne suffit pas à effacer l’irrégularité.

Impact sur la marque employeur : le risque réputationnel sous-estimé

Au-delà du juridique, acheter une convention de stage est un vrai boomerang pour votre marque employeur.

Un stagiaire mal encadré ou instrumentalisé comme « salarié low cost » :

À l’inverse, un dispositif de stages carré, transparent et pédagogique devient un puissant levier de recrutement :

C’est un choix stratégique : court-termisme risqué, ou investissement dans une politique de stages professionnelle.

Ce que vous pouvez faire légalement (et efficacement) à la place

Face à un besoin réel de renfort ou à la demande d’un candidat sans convention, plusieurs options saines existent.

1. Utiliser les bons contrats de travail

Oui, ces options ont un coût. Mais ce coût est prévisible, sécurisé juridiquement, et infiniment inférieur à celui d’une requalification.

2. Mettre en place un vrai partenariat écoles

Au lieu de contourner les établissements d’enseignement, travaillez avec eux :

Résultat : des conventions sécurisées, des profils motivés, et une image d’employeur responsable.

3. Formaliser une politique de stages claire

Pour éviter les dérapages internes (manager qui « déniche » un stagiaire via un contact douteux, par exemple), posez quelques règles simples :

Checklist RH : vérifier la conformité d’une convention de stage

Avant de signer, posez-vous systématiquement ces questions :

Si une seule réponse vous met mal à l’aise, creusez. Si plusieurs réponses sont « non » ou floues, ne signez pas.

Et si un candidat vous propose lui-même une convention « achetée » ?

De plus en plus souvent, ce ne sont pas les entreprises qui vont chercher une convention douteuse, mais les candidats qui arrivent avec une solution « clés en main » : une école en ligne, un organisme privé, une association « éducative ».

Votre responsabilité reste engagée si vous signez en sachant, ou en pouvant savoir, que la convention est irrégulière.

La bonne réaction :

Ce discours, assumé et pédagogique, renforce votre crédibilité. Beaucoup de jeunes ignorent la portée juridique de ces pratiques ; vous pouvez aussi avoir un rôle d’éducation.

Plan d’action « demain matin » pour sécuriser vos stages

Pour transformer ces principes en actions concrètes, voici une feuille de route courte et opérationnelle :

En traitant le sujet de façon frontale, vous vous protégez juridiquement, vous gagnez en crédibilité auprès des écoles, et vous envoyez un message positif aux candidats : chez vous, le stage est un vrai tremplin professionnel, pas un contrat de travail low cost déguisé.

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