Défauts pour entretien d’embauche : lesquels mentionner et comment les transformer en atouts

Défauts pour entretien d'embauche : lesquels mentionner et comment les transformer en atouts

« Quels sont vos défauts ? » : c’est LA question que tout le monde redoute en entretien. Vous savez qu’elle va tomber, vous savez qu’il ne faut ni répondre « je suis trop perfectionniste » ni « je n’ai pas vraiment de défaut », mais entre les deux… le flou.

Bonne nouvelle : cette question n’est pas un piège, c’est une opportunité. Bien préparée, elle permet de marquer des points, de montrer votre maturité et votre capacité à progresser. Dans cet article, on va voir ensemble :

  • Quels défauts mentionner sans vous tirer une balle dans le pied
  • Ceux à éviter absolument (ou à manier avec une extrême prudence)
  • Comment transformer un défaut en axe de progression crédible
  • Des exemples de réponses prêtes à l’emploi, à adapter à votre profil
  • Un plan d’action en 5 étapes pour être prêt dès votre prochain entretien

Pourquoi les recruteurs posent-ils cette question (et ce qu’ils attendent vraiment)

Vu du candidat, cette question ressemble souvent à un test de sincérité un peu tordu. Vu du recruteur, c’est autre chose : un outil pour évaluer votre fonctionnement professionnel.

Derrière « Quels sont vos défauts ? », on cherche en réalité :

  • Votre capacité d’auto-analyse : savez-vous prendre du recul sur vous-même ?
  • Votre honnêteté : évitez-vous les réponses toutes faites ou trop « marketing » ?
  • Votre maturité professionnelle : êtes-vous capable de parler de vos limites sans vous effondrer ou vous justifier ?
  • Votre capacité à progresser : avez-vous mis en place des actions pour corriger ou compenser ce défaut ?

Autrement dit : ce n’est pas votre « défaut » qui est évalué, mais ce que vous en faites. C’est une question de gestion du risque pour l’entreprise : travailler avec vous, c’est gérer quels types de limites, et comment vous les prenez en charge.

Les défauts à éviter (ou à manier avec beaucoup de prudence)

Non, tous les défauts ne sont pas bons à dire en entretien. Certains envoient des signaux trop négatifs pour la majorité des postes, surtout s’ils touchent directement au cœur du travail.

À manier avec grande prudence :

  • La fiabilité de base : « je suis souvent en retard », « j’oublie facilement des choses », « j’ai du mal à répondre aux mails ».
  • La motivation : « je me lasse vite », « j’ai du mal à me motiver sur des tâches répétitives ».
  • Le respect des règles : « j’ai du mal avec l’autorité », « je n’aime pas suivre les procédures », « je fais à ma façon ».
  • La gestion des conflits : « je m’énerve vite », « je peux être agressif », « je dis tout ce que je pense ».
  • L’éthique : tout ce qui touche à l’honnêteté, la confidentialité, le respect des autres.

Ces défauts peuvent exister (nous ne sommes pas parfaits), mais les mettre en avant en entretien revient à allumer un gyrophare rouge sur votre dossier. Si vous les mentionnez, il faudra :

  • Les formuler avec tact (par exemple parler de « franchise directe » plutôt que « je peux être agressif »)
  • Montrer des actions très concrètes mises en place pour les corriger
  • Démontrer que vous avez déjà nettement progressé

Dans le doute, si vous n’êtes pas sûr de pouvoir assumer et argumenter, choisissez un autre défaut.

Les types de défauts qui fonctionnent bien en entretien

Un bon défaut pour un entretien, c’est :

  • Un trait crédible (on doit y croire en vous regardant et en écoutant votre parcours)
  • Qui ne remet pas en cause votre capacité à occuper le poste
  • Que vous avez déjà commencé à travailler
  • Que vous pouvez illustrer avec un exemple précis

Les catégories de défauts généralement bien accueillies :

  • Les excès d’un point fort (sans tomber dans le cliché) Exemples : trop impliqué, trop exigeant avec soi-même, trop dans le détail, difficulté à dire non.
  • Les points à développer dans la posture professionnelle Exemples : manque d’assertivité, tendance à vouloir tout faire soi-même, difficulté à déléguer, timidité en réunion.
  • Les limites liées au contexte Exemples : peu d’aisance pour parler en public (si ce n’est pas le cœur du poste), manque de réseau dans un nouveau secteur, difficulté initiale avec un type d’outil que vous êtes en train d’apprendre.

De nombreux recruteurs apprécient aussi les défauts qui montrent une capacité d’apprentissage :

  • « J’ai tendance à me précipiter au début, je dois me forcer à prendre plus de recul. »
  • « J’ai longtemps eu du mal à demander de l’aide, j’ai dû apprendre à le faire. »
  • « J’ai tendance à sous-estimer le temps nécessaire pour certaines tâches, je travaille dessus. »

L’idée n’est pas de vous inventer une personnalité, mais de choisir des points réels que vous pouvez assumer et transformer.

La méthode en 3 temps pour parler de ses défauts sans se saborder

Pour répondre de façon structurée, je recommande un schéma simple en trois temps :

  • Nommer le défaut clairement, sans roman ni justification
  • Illustrer par une situation concrète et professionnelle
  • Expliquer ce que vous avez mis en place pour le gérer

Ce que cela donne en pratique :

1. Nommer le défaut

Une phrase courte et assumée :

  • « Un de mes principaux axes de progrès, c’est… »
  • « Un trait de caractère sur lequel je travaille, c’est… »
  • « J’ai tendance à… »

2. Illustrer

Montrez que ce n’est pas théorique :

  • « Par exemple, dans mon précédent poste, il m’est arrivé de… »
  • « Typiquement, dans une équipe, ça se traduit par… »

Restez factuel, sans vous auto-flageller.

3. Expliquer les actions

C’est là que tout se joue. Le recruteur vous jugera surtout sur cette partie :

  • Actions concrètes (« j’ai mis en place… », « j’ai demandé à… », « j’ai suivi telle formation… »)
  • Résultats observés (« aujourd’hui, on me fait plutôt le retour que… »)
  • Progrès encore à faire (« je dois encore rester vigilant sur… »)

Vous transformez ainsi un défaut en un signe de professionnalisme : vous vous connaissez, vous vous améliorez, vous êtes coachable.

Exemples de réponses prêtes à adapter

Voici plusieurs exemples, inspirés de situations réelles de candidats que j’ai accompagnés. À personnaliser selon votre style et le poste visé.

Défaut : difficulté à dire non / tendance à trop en faire

Adapté à des profils investis, en environnement exigeant.

Exemple de réponse :

« J’ai tendance à accepter beaucoup de choses à la fois. J’aime rendre service et être utile à l’équipe, et pendant longtemps j’ai eu du mal à dire non. Concrètement, cela m’est arrivé de me retrouver avec un planning surchargé, et de devoir travailler tard pour tout faire rentrer.

Depuis un an, je travaille vraiment dessus : je clarifie systématiquement les priorités avec mon manager, je demande les deadlines exactes, et je n’hésite plus à proposer un délai réaliste quand on me sollicite. J’utilise aussi un tableau de suivi partagé, ce qui me permet de rendre mes contraintes visibles. Résultat : je gère beaucoup mieux ma charge et je garde le même niveau d’engagement, mais avec des horaires plus tenables. »

Défaut : volontiers dans l’opérationnel, difficulté à prendre du recul

Adapté à des profils terrain / opérationnels qui évoluent vers plus de pilotage.

« Naturellement, j’ai tendance à plonger très vite dans l’opérationnel. J’aime résoudre les problèmes concrets, parfois au détriment de la prise de recul.

Par exemple, sur un projet de déploiement d’outil, j’ai passé beaucoup de temps les premières semaines à régler des tickets utilisateurs un par un, au lieu de prendre un temps d’analyse plus global. On a perdu un peu de temps au départ.

Depuis, je me force à bloquer des créneaux hebdomadaires pour analyser les données, identifier les récurrences, et prioriser des actions plus structurantes. Je me sers davantage des tableaux de bord. Ça m’a permis, sur le projet suivant, de réduire de 30 % le volume d’incidents en travaillant sur les causes racines plutôt que sur chaque symptôme. »

Défaut : timidité en groupe / prise de parole en réunion

Adapté à des postes où la communication est utile mais pas le cœur du métier.

« Je ne suis pas la personne qui va parler le plus en réunion. De nature, je suis plutôt réservée, et je préfère réfléchir avant de m’exprimer.

Au début de ma carrière, ça donnait parfois l’impression que je n’avais pas d’avis, alors que ce n’était pas le cas. J’ai donc travaillé à rendre mes contributions plus visibles : je prépare désormais systématiquement les réunions importantes, je note les 2 ou 3 points sur lesquels je veux intervenir, et je m’oblige à les exprimer. Quand je ne suis pas à l’aise à l’oral, je complète ensuite par un compte-rendu écrit ou un message sur Teams.

On me fait maintenant souvent le retour que mes interventions sont structurées et pertinentes, même si je ne suis pas celle qui parle le plus. »

Défaut : perfectionnisme… assumé et crédible

Le fameux. Il peut fonctionner à condition d’être traité comme un vrai sujet, pas comme une pirouette.

« J’ai longtemps été très perfectionniste. Je passais beaucoup de temps à peaufiner des détails que le client ne voyait pas forcément, et je me mettais une forte pression personnelle.

Un manager m’a fait un retour très clair il y a quelques années : “Ton travail est excellent, mais tu peux parfois viser 95 % de perfection au lieu de 110 %, et gagner en efficacité”. Ça m’a fait réfléchir. J’ai commencé à distinguer ce qui devait être parfait (les livrables externes, les chiffres) de ce qui pouvait être simplement “suffisant” (certains documents internes, les maquettes d’étape).

Concrètement, je travaille maintenant avec des niveaux de qualité définis en amont avec le client ou le manager. Ça m’aide à adapter mon degré de détail, à mieux tenir les délais, tout en gardant un haut niveau d’exigence quand c’est vraiment nécessaire. »

Adapter vos défauts… au poste visé

Un même défaut peut être plus ou moins acceptable selon le type de poste et le contexte.

Par exemple :

  • Un manque d’aisance à l’oral sera plus pénalisant pour un poste commercial que pour un poste de développeur.
  • Une difficulté à gérer le flou sera problématique dans une start-up en hypercroissance, mais moins dans une administration très processée.
  • Une tendance à aller vite sera un atout dans un environnement très réactif, mais devra être davantage canalisée dans un métier réglementé.

Avant l’entretien, posez-vous les questions suivantes :

  • Quelles sont les compétences clés pour ce poste ?
  • Quels sont les risques majeurs pour l’entreprise si le poste est mal tenu ?
  • Mon défaut se situe-t-il au cœur de ces enjeux, ou en périphérie ?

Si votre défaut touche directement une compétence clé du poste, il faudra :

  • Soit choisir un autre défaut
  • Soit montrer que vous avez déjà significativement progressé, avec des exemples récents qui rassurent

Les erreurs fréquentes à éviter

En coaching de candidats, je vois souvent les mêmes pièges se répéter. Les repérer, c’est déjà les éviter.

  • Faire un catalogue : « Alors, je suis un peu têtue, parfois impatiente, et aussi parfois trop directe… » Limitez-vous à 1 ou 2 défauts, traités en profondeur.
  • Se dévaloriser : Se lancer dans un monologue auto-critique donne une mauvaise impression de confiance en soi. Restez factuel, professionnel.
  • Se justifier / accuser les autres : « Si je m’énerve, c’est parce que les autres ne font pas leur travail » n’est pas une bonne réponse. Restez centré sur ce que vous faites évoluer.
  • Sortir la réponse “perfectionniste” sans contenu : Les recruteurs l’ont entendue mille fois. Sans exemple concret, elle paraît artificielle.
  • Refuser la question : Répondre « je n’aime pas parler de mes défauts » donne l’image de quelqu’un qui manque de recul… ou qui a des choses à cacher.

Plan d’action : se préparer en 5 étapes avant votre prochain entretien

Pour transformer cette question redoutée en atout, préparez-vous comme pour n’importe quelle autre compétence.

  • Étape 1 : Faites votre inventaire Prenez 10 minutes et notez spontanément :
    • Les retours que l’on vous a déjà faits (entretiens annuels, managers, collègues)
    • Les situations où vous vous êtes senti en difficulté
    • Les comportements que vous aimeriez faire évoluer

    Ne filtrez pas encore, notez tout.

  • Étape 2 : Sélectionnez 2 ou 3 défauts « présentables » Pour chaque défaut identifié, demandez-vous :
    • Est-il compatible avec le type de poste que je vise ?
    • Puis-je donner un exemple professionnel concret ?
    • Ai-je déjà commencé à travailler dessus ?

    Gardez 2 défauts maximum, que vous assumerez pleinement.

  • Étape 3 : Rédigez votre mini-scénario Pour chaque défaut retenu, préparez sur une feuille ou un document :
    • 1 phrase pour le nommer
    • 3–4 phrases pour l’illustrer par une situation
    • 3–4 phrases pour décrire vos actions et vos progrès

    L’objectif n’est pas d’apprendre par cœur, mais d’avoir une trame claire.

  • Étape 4 : Entraînez-vous à l’oral Lisez vos réponses à voix haute :
    • Chronométrez-vous : l’idéal est de répondre en 1 à 2 minutes par défaut
    • Vérifiez que vous ne partez pas en justification ou en digressions
    • Enregistrez-vous ou demandez à un proche de jouer le rôle du recruteur
  • Étape 5 : Ajustez selon le poste Juste avant chaque entretien :
    • Relisez l’annonce et les missions clés
    • Adaptez éventuellement l’exemple choisi (industrie, taille d’équipe, enjeux)
    • Préparez une transition vers un de vos points forts : « Cela dit, ce sur quoi on peut vraiment compter sur moi dans ce poste, c’est… »

En travaillant cette question comme un exercice de lucidité plutôt que comme un piège, vous envoyez un message fort : vous êtes capable de vous regarder avec honnêteté, d’assumer vos zones de progrès et de mettre en place des actions concrètes. C’est précisément ce que recherchent la plupart des recruteurs aujourd’hui, bien plus qu’une perfection de façade.