Secteur cvc : métiers, compétences recherchées et perspectives de recrutement

Secteur cvc : métiers, compétences recherchées et perspectives de recrutement

Chauffage, ventilation, climatisation… Derrière l’acronyme CVC se cache un secteur clé pour la transition énergétique, la qualité de l’air intérieur et le confort des bâtiments. Pourtant, les entreprises peinent à recruter, alors même que les carnets de commandes sont pleins.

Si vous êtes recruteur, DRH ou dirigeant dans le bâtiment, l’industrie ou les services techniques, le CVC est probablement devenu votre casse-tête quotidien : pénurie de techniciens, surenchère salariale, projets retardés faute de main-d’œuvre qualifiée.

Dans cet article, on fait le point sur :

  • les principaux métiers du CVC et leurs réalités terrain,
  • les compétences réellement recherchées (au-delà des fiches de poste “idéales”),
  • les perspectives de recrutement et les leviers pour attirer et fidéliser ces profils.

Panorama du secteur CVC : un marché sous tension

Le CVC regroupe l’ensemble des solutions techniques qui gèrent la température, la qualité de l’air et parfois l’humidité des bâtiments : chaudières, pompes à chaleur, climatisation, ventilation simple ou double flux, systèmes de GTB/GTC, etc.

Trois tendances dopent le marché :

  • La transition énergétique : rénovation énergétique des logements, décarbonation des bâtiments tertiaires, remplacement des chaudières fioul par des systèmes plus performants (PAC, chaudières à condensation…).
  • Les nouvelles réglementations : RE2020, décret tertiaire, normes sur la qualité de l’air intérieur dans les écoles et bâtiments publics, réglementation F-Gaz sur les fluides frigorigènes.
  • Le confort et la santé au travail : post-Covid, la ventilation et la qualité d’air ne sont plus un “plus”, mais un sujet de sécurité et d’image pour les entreprises.

Résultat : les besoins en recrutement explosent. De nombreuses fédérations professionnelles estiment que plusieurs dizaines de milliers de postes dans le génie climatique, la maintenance et la rénovation énergétique sont à pourvoir dans les années à venir, en particulier :

  • techniciens CVC,
  • frigoristes,
  • plombiers-chauffagistes,
  • ingénieurs et projeteurs en études CVC,
  • chargés d’affaires et responsables de maintenance.

Le problème ? L’offre de formation ne compense pas encore les départs à la retraite ni la croissance de la demande. Pour un recruteur, on est typiquement sur un marché de pénurie.

Métiers clés du CVC : qui fait quoi, concrètement ?

Pour recruter efficacement, il faut sortir des intitulés génériques et comprendre ce que recouvrent les métiers CVC sur le terrain.

Technicien CVC (maintenance / installation)

C’est le profil le plus recherché. Ses missions varient selon qu’il est plutôt orienté installation ou maintenance, mais on retrouve en général :

  • pose et raccordement de chaudières, pompes à chaleur, unités de climatisation, réseaux hydrauliques et aérauliques,
  • mise en service, réglages, paramétrage des systèmes,
  • entretien préventif (contrats de maintenance) et dépannages,
  • diagnostic des pannes, remplacement de pièces, contrôles réglementaires,
  • relation client sur site (explications, pédagogie, gestion de l’insatisfaction).

Frigoriste

Spécialiste du froid et de la climatisation, le frigoriste intervient sur :

  • groupes froids, chambres froides, systèmes de climatisation complexes,
  • circuit de fluides frigorigènes (charge, récupération, contrôle fuites),
  • respect strict des règlementations F-Gaz et sécurité,
  • maintenance et dépannage d’installations critiques (agroalimentaire, data centers, pharmacie…).

Plombier-chauffagiste

À la frontière entre plomberie et CVC, il :

  • installe les réseaux (cuivre, multicouche, PER…),
  • pose les chaudières, radiateurs, planchers chauffants,
  • raccorde aux systèmes de production (gaz, PAC, bois…),
  • assure parfois l’entretien et les dépannages simples.

Ingénieur CVC / chargé d’études

En bureau d’études, il conçoit les installations :

  • dimensionnement des équipements (puissance, débits, réseaux),
  • bilans thermiques, calculs de déperditions, simulations énergétiques,
  • rédaction des pièces écrites (CCTP, notes de calcul, DOE),
  • coordination avec architectes, maîtres d’ouvrage, autres lots techniques (électricité, structure…).

Chargé d’affaires CVC

Interface entre technique, commerce et gestion, il :

  • répond aux appels d’offres, chiffre les projets,
  • pilote les chantiers (planning, coûts, marges, sous-traitants),
  • gère la relation client de bout en bout,
  • assure la rentabilité économique du portefeuille.

Responsable de maintenance CVC / exploitation

Plutôt côté exploitation (tertiaire, industrie, sites multi-techniques), il :

  • organise les tournées de techniciens,
  • structure les contrats de maintenance,
  • pilote les KPI (pannes, disponibilité, consommation énergétique),
  • anime la relation client (reporting, recommandations d’amélioration).

Entre ces grands profils, il existe une multitude de postes intermédiaires (chef d’équipe, metteur au point, technicien GTB, BIM modeleur CVC, etc.) qu’il est utile de clarifier dans vos fiches de poste.

Compétences techniques recherchées : ce que les recruteurs regardent vraiment

Les recruteurs du CVC ne cherchent pas des “couteaux suisses”, mais des professionnels capables de sécuriser la qualité, la sécurité et les délais sur le terrain. Les compétences techniques clés reviennent souvent :

  • Maîtrise des bases thermiques et hydrauliques : comprendre un schéma, un circulateur, une vanne 3 voies, un échangeur, un réseau aéraulique.
  • Lecture de plans et schémas : savoir s’orienter sur un plan d’exécution, un synoptique, un schéma de principe.
  • Connaissance des équipements : chaudières (gaz, bois, condensation), PAC air/eau, air/air, DRV, VRV, CTA, ventilo-convecteurs…
  • Régulation et GTB : paramétrage des régulateurs, compréhension des lois d’eau, gestion d’alarmes, supervision à distance.
  • Pratiques de maintenance : diagnostic méthodique, recherche de fuite, mesures (température, pression, débit…), historique des interventions.
  • Respect des normes et sécurité : manipulation des fluides, habilitations électriques, sécurité gaz, travail en hauteur, prévention des risques.

Côté bureau d’études / ingénierie :

  • maîtrise des logiciels métiers (AutoCAD, Revit, logiciels de calcul thermique, pack Office),
  • connaissance des réglementations (RT/RE, décret tertiaire, normes ventilation, F-Gaz),
  • capacité à optimiser un projet techniquement et économiquement (coût global, performance énergétique).

À noter : sur le terrain, beaucoup d’entreprises privilégient la capacité à apprendre et à progresser rapidement plutôt qu’un niveau de maîtrise parfait. Un technicien junior avec une bonne base et la bonne attitude est souvent préféré à un profil expérimenté difficile à intégrer à l’équipe.

Soft skills et savoir-être : le différenciateur clé en CVC

Sur un marché en tension, les compétences comportementales deviennent un critère de sélection déterminant. C’est aussi là que les recruteurs font parfois l’erreur de sous-estimer certaines qualités.

Parmi les soft skills les plus recherchées :

  • Autonomie et sens des responsabilités : un technicien seul sur site doit prendre les bonnes décisions rapidement.
  • Rigueur et méthode : respecter les procédures, documenter les interventions, remonter les informations critiques.
  • Relation client : expliquer simplement, rassurer, gérer les tensions quand une installation tombe en panne en plein hiver.
  • Capacité d’adaptation : chaque bâtiment est un cas particulier, surtout en rénovation.
  • Esprit d’équipe : coordination avec les autres corps d’état, partage d’informations au sein du service.
  • Appétence digitale : tablettes, GMAO, applications de reporting, outils de supervision… le CVC est de plus en plus connecté.

En entretien, il est utile de poser des questions très concrètes :

  • « Racontez-moi une panne complexe que vous avez résolue, comment avez-vous procédé ? »
  • « Décrivez une situation tendue avec un client et ce que vous avez mis en place. »
  • « Comment faites-vous pour continuer à vous tenir à jour sur les nouvelles technologies ? »

Diplômes, certifications et habilitations : ce qui fait la différence

Dans le CVC, les diplômes comptent, mais les habilitations et certifications sont tout aussi déterminantes. Tour d’horizon des plus demandées :

Formations initiales fréquentes

  • CAP, Bac Pro, BTS dans les domaines : énergétique, génie climatique, froid et climatisation, installation sanitaire et thermique.
  • Licences professionnelles, écoles d’ingénieurs en génie climatique, énergétique, bâtiment.

Habilitations et certifications clés

  • Attestation d’aptitude à la manipulation des fluides frigorigènes (catégorie 1 à 4 selon le périmètre) pour les frigoristes et techniciens clim.
  • Habilitations électriques (B0, B1V, BR…) selon les interventions.
  • Certifications RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) au niveau entreprise, très demandées pour les travaux de rénovation énergétique.
  • Formations spécifiques fabricants (PAC, chaudières, GTB…), souvent un plus très apprécié.

Côté recrutement, deux réflexes :

  • vérifier systématiquement la validité des habilitations et attestations,
  • proposer un plan de mise à niveau rapide pour les candidats qui n’ont pas tout, mais présentent un bon potentiel.

Perspectives de recrutement : où sont les tensions et les opportunités ?

Le secteur CVC se caractérise par :

  • une demande soutenue sur tous les segments (résidentiel, tertiaire, industrie),
  • une pénurie chronique de techniciens qualifiés, accentuée par les départs à la retraite,
  • une montée en gamme des technologies (PAC, systèmes hybrides, GTB avancée), qui nécessite des formations continues.

En pratique, cela se traduit par :

  • des processus de recrutement longs et compliqués pour les techniciens terrain,
  • une forte concurrence entre entreprises, avec parfois surenchère sur les salaires et les véhicules,
  • une valeur croissante des profils capables de faire le lien entre technique, performance énergétique et relation client.

Les opportunités sont nombreuses pour les candidats (mobilité, évolution rapide vers chef d’équipe ou chargé d’affaires) et pour les entreprises qui savent se différencier (parcours d’intégration, formation, qualité de vie au travail, organisation des astreintes).

Attirer des talents CVC : leviers concrets côté entreprise

Sur un marché de pénurie, publier une annonce standard « Technicien CVC H/F – CDI – Rémunération selon profil » ne suffit plus. Les entreprises qui réussissent à recruter et fidéliser activent plusieurs leviers simultanément.

1. Clarifier le périmètre réel du poste

  • Quel % d’installation vs maintenance ?
  • Quelle typologie de clients : particuliers, tertiaire, industrie, collectivités ?
  • Quel rayon d’intervention réel (et pas théorique) ?
  • Quelles astreintes, combien de week-ends, quelle organisation ?

Plus le poste est décrit précisément, plus vous évitez les désistements en cours de route.

2. Travailler l’attractivité du package global

Les candidats CVC regardent :

  • le salaire fixe (souvent comparé au marché local),
  • le véhicule (type, possibilité de l’emporter, carte carburant/énergie),
  • les primes (paniers, astreintes, objectifs),
  • l’équipement (outillage, EPI confortables, téléphone/tablette récents),
  • l’organisation du temps de travail (plannings, temps de trajet, amplitude horaire).

Un exemple vu en PME : le simple fait de passer à des fourgons mieux aménagés et d’équiper chaque technicien d’un outillage complet et récent a réduit le turnover de moitié en un an.

3. Miser sur la formation et la progression

Le CVC évolue vite. Proposer :

  • des formations régulières (techniques, fabricants, réglementation),
  • un parcours de montée en compétences (technicien → chef d’équipe → responsable de secteur),
  • du tutorat entre seniors et juniors,

est un argument décisif pour des profils qui ont l’embarras du choix.

4. Soigner la marque employeur “terrain”

La marque employeur en CVC, ce n’est pas seulement une belle page carrière. Les candidats veulent des preuves très concrètes :

  • témoignages de techniciens sur leur quotidien (vidéos courtes, interviews),
  • présentation transparente des astreintes et de la gestion des urgences,
  • photos réelles des équipes, des véhicules, des chantiers,
  • mise en avant de la sécurité et de la qualité du matériel fourni.

Adapter son processus de recrutement CVC : méthode en 5 étapes

Pour passer de la théorie à l’action, voici une trame de processus adaptée aux métiers CVC.

Étape 1 – Diagnostic rapide de vos besoins

  • Quels métiers CVC recrutez-vous le plus ?
  • Sur quels postes avez-vous le plus de turnover ?
  • Quelles compétences techniques manquent à vos équipes aujourd’hui ?

Étape 2 – Réécriture de vos fiches de poste

  • Remplacer les intitulés génériques par des descriptions précises des missions.
  • Ajouter les types d’installations, les environnements (tertiaire, industrie, santé…).
  • Clarifier les astreintes, la mobilité, l’autonomie attendue.

Étape 3 – Annonces orientées “terrain”

  • Mettre en avant le matériel, l’organisation, la formation, et pas uniquement le salaire.
  • Parler des équipes, du management, des pratiques de sécurité.
  • Éviter le jargon trop technique si vous visez aussi des profils en reconversion ou juniors.

Étape 4 – Entretiens structurés et concrets

  • Prévoir des questions basées sur des situations vécues (pannes complexes, chantiers difficiles, conflits clients).
  • Intégrer un court échange technique avec un opérationnel (chef d’équipe, conducteur de travaux).
  • Si possible, proposer une immersion courte : visite de dépôt, rencontre d’une équipe, découverte des tournées.

Étape 5 – Intégration et fidélisation

  • Préparer un parcours d’onboarding clair (1re semaine, 1er mois, 3 mois).
  • Nommer un tuteur identifié, responsable de l’accompagnement.
  • Faire un point formalisé au bout de 15 jours, 1 mois, 3 mois.

Plan d’action rapide pour votre stratégie CVC

Pour passer à l’action dès maintenant, vous pouvez :

  • Listez les 3 postes CVC les plus critiques dans votre organisation (recrutement difficile ou turnover important).
  • Auditez vos annonces actuelles : sont-elles suffisamment précises, attractives, orientées terrain ?
  • Identifiez un ou deux techniciens référents prêts à participer aux entretiens ou à témoigner pour vos supports de recrutement.
  • Formalisez un mini-parcours d’intégration de 30 jours spécifique aux métiers CVC (matériel, formations, binôme, visites clients).
  • Prenez contact avec un CFA, un lycée pro ou un organisme de formation spécialisé CVC de votre région pour explorer les partenariats (stages, alternance, modules co-construits).

Le secteur CVC restera sous tension encore plusieurs années. Ceux qui réussiront à sécuriser leurs compétences ne seront pas forcément ceux qui paient le plus, mais ceux qui auront compris le quotidien de ces métiers et construit, autour, une véritable proposition de valeur candidat – claire, concrète et respectueuse de la réalité du terrain.